English below

[ FR ] Dimanche 1pm, nous larguons les amarres de Chester après un départ retardé suite au passage d’une tempête et quelques préparations sur le bateau, un Volvo60 de 1997. Le vent souffle bien, un bon 20 noeuds. On prend le temps pour découvrir un peu l’équipe composée de novices et d’autres plus expérimentés. Cap plein sud. Deuxième jour, vent de travers qui tourne en face. On file à 14 noeuds au prés. Le deuxième nuit est un peu plus mouvementée Lors du pompage de l’eau pour remplir les ballastes bâbord, une surpression fait sortir le tuyau de pompage de la pompe et le bateau se rempli vite de 20 cm d’eau alors que le bateau gîte bien sous un vent de 20 à 25 noeuds. Une fois le problème réglé, le fond de cale écopé et les ballastes remplies le Volvo 60 est bien plus équilibré et contrôlable sous les rafales, un vrai bonheur.

Les heures passent et les milles défilent. Chacun prend sa place et son rôle dans l’équipage.

La troisième nuit arrive, le vent faibli un peu mais la fatigue se fait sentir. Chacun profite pleinement de ses 3heures de repos entre les heures de quart. Un « empannage chinois » nous oblige a réagir vite. Changer la tension des bastaques, border le génois, reprendre le cap. La situation semble sous contrôle lorsqu’un gros claquement retenti dans la nuit. La poulie de tension de la bastaque tribord vient de lâcher. Il faut virer de bord d’urgence, mettre en tension la bastaque fonctionnelle pour éviter de briser le mât. On décide ensuite d’affaler la grand voile pour ne pas mettre à trop rude épreuve le mât en attendant la réparation qui aura lieu au levé du jour lorsque la lumière rendra la manoeuvre beaucoup plus sécuritaire. Le vent continue de faiblir et change constamment car nous traversons une zone de grain, ce qui nous oblige a terminer le convoyage au génois et au moteur.

Arrivée aux Bermudes jeudi 1pm, exactement 4 jours et 4 nuits après notre départ.

Il nous faudra attendre trois jours aux Bermudes avant de reprendre le large. Une tempête s’est  en effet abattue sur la région et les vents violents empêchent tous marins de larguer les amarres. La capitaine décide de prendre le large dans la queue du système afin de profiter des gros vents pour couvrir une belle distance avant que le vent ne diminue trop. La décision a porté ses fruits, les premières 36 ont été assez intenses mais les pointes à 25 noeuds lors des surfs nous ont permis de couvrir 400 milles nautiques en une journée et demi. La suite du voyage a été plus calme jusqu’à voir au loin se dessiner les iles de Barbuda puis finalement Antigua.

Tout ce que l’on retient de ce périple, outre une grande fatigue, c’est l’esprit de camaraderie, la fraternité qui s’est installé dans les petits moments de panique. Cette routine fatigante entre somnolence et quarts sur le pont qui se fait toujours le sourire aux lèvres. Un tel voyage nous apporte de nombreux moments de contemplation, des rencontres avec des dauphins, l’observation de la bioluminescence dans les vagues noires, la lune et les étoiles qui éclairent les nuit. LA pluie qui nous rassemble chaleureusement autour d’un café bien chaud, agrémenté de coureur des bois. Une arrivée sur une île au milieu de l’ocean. Une ile que l’on aurait probablement pas visité si nous n’avions pas embarqué sur ce voyage. Un voyage qui, le temps de quelques jours nous a coupé du monde, nous recentre sur l’essentiel.

 

[ ENG ] Sunday 1pm, we leave the moorings of Chester after a delayed start following the passage of a storm and some preparations on the boat, a Volvo60 made in 1997. The wind blows well, a good 20 knots. We take the time to discover the team made of newbies and more experienced sailors. Time to head south. Second day, crosswind that turns to face. We run at 14 knots into the wind. The second night is a little more hectic when pumping water to fill the port ballasts, the pressure causes the pump hose to come out of the pump and the boat is quickly filled with 20 cm of water while the boat heels well into a 20 to 25 knots wind. Once the problem is solved, the bilge scooped and the ballasts filled, the Volvo 60 is much more balanced and controllable under the bursts of wind, a real pleasure.

The hours pass and the miles parade. Everyone takes his place and his role in the crew.

The third night arrives, the wind weakens a little but fatigue is felt. Everyone takes full advantage of his 3 hours of rest between shifts. A « Chinese jibe » forces us to react quickly. Change the tension of the backstays, tuck the genoa, take the course. The situation seems under control when a big snap sounded at night. The tension pulley of the starboard backstay has just let go. It is necessary to tack quickly, put in tension the functional backstay to avoid breaking the mast. It is then decided to lower the main sail so as not to put too much strain on the mast while waiting for the repair that will take place at daybreak when the light will make the maneuver much safer. The wind continues to weaken and changes constantly as we cross grain zone, which forces us to finish the conveying motoring with the genoa.

Arrival in Bermuda Thursday 1pm, exactly 4 days and 4 nights after our departure.

We will have to wait three days in Bermuda before going back to sea. A storm has indeed fallen on the region and the strong winds prevent all sailors from casting off. The captain decides to take off in the tail of the system to take advantage of the strong wind to cover a good distance before the wind decreases too much. The decision paid off, the first 36 hours were quite intense but the peaks at 25 knots during surfing allowed us to cover 400 nautical miles in a day and a half. The rest of the trip was quieter until we saw the islands of Barbuda and finally Antigua.

All that remains of this journey, besides a great tiredness, it is the spirit of comradeship, the fraternity which was installed in the small moments of panic. This tiring routine between somnolence and shifts on deck with constants smiling faces. Such a journey brings us many moments of contemplation, encounters with dolphins, the observation of bioluminescence in the black waves, the moon and the stars that illuminate the nights. The rain that brings us warmly around a hot coffee, embellished with coureur des bois. An arrival on an island in the middle of the ocean. An island that we probably would not have visited if we had not embarked on this trip. A trip that, for a few days has cut us off from the world, focuses us on what is essential.